Le sida,
UN ENJEU SOCIAL
Une série d’obstacles à la prévention
En Inde, la lutte contre le SIDA est embourbée dans un manque d’information sur l’ampleur de l’épidémie, une absence de consensus sur la stratégie pour l’enrayer et des difficultés culturelles à aborder ouvertement la question de la sexualité. De plus, la prévention est rendue complexe dans la mesure où l’Inde a de nombreuses langues et des centaines de dialectes différents. Ainsi, bien qu’une certaine éducation puisse être faite au niveau national, de nombreux efforts sont mieux appliqués à l’échelon local et étatique, par des ONG plutôt que par des organismes gouvernementaux.
Ignorance, déni et superstitions
Un phénomène de déni a retardé en Inde le diagnostic de l’épidémie. Encore aujourd’hui, la méconnaissance du SIDA est sidérante : même des professionnels de santé ignorent les modes de transmission. Il est arrivé que des médecins rechignent ou refusent d’examiner un enfant dont on avait simplement annoncé la séropositivité pour que les précautions d’usage soient prises.
Discriminations et exclusion sociale
Le SIDA n’est donc pas uniquement destructeur de la santé, il entraîne également de gros préjudices humains aux personnes contaminées. En Inde, bien que l’intouchabilité ait été abolie lors de l’indépendance (cf. art. 17 de la Constitution : « L’intouchabilité est abolie sous toutes ses formes »), le système des castes reste toujours prégnant et crée un terreau favorable à l’exercice des discriminations.
Pour les enfants atteints du SIDA, les écoles constituent un important foyer de discriminations : lors de la création de l’orphelinat, aucun des enfants accueillis n’était scolarisé. Il a fallu livrer un véritable combat pour expliquer aux directeurs d’établissement que les enfants ne constituaient pas un danger pour leurs camarades et qu’ils avaient droit à l’instruction comme tout autre enfant.
Absence de famille et déstructuration
Le SIDA a pour autre conséquence de rendre orphelin. 85 % des enfants de Shanthi Bhavan Children’s Home ont perdu leurs parents, morts du SIDA. Certains n’ont aucune attache familiale, d’autres ont toujours au village un oncle, une tante ou une grand-mère, mais ces derniers gardent plus ou moins contact, pour les raisons détaillées ci-dessus.